Au milieu des images

N°280 | Octobre 2023

Prenons-nous véritablement au sérieux la notion de gratuité ? Nous faisons un large usage des mots et expressions « grâce », « miséricorde », « amour inconditionnel de Dieu » mais, bien souvent, notre attitude devant Dieu révèle une foi faite d’un tout autre bois : « devoir », « mérite », « dette », « exigence », « sacrifice »… Finalement, si l’on s’en tenait à ce qui sous-tend certains de nos réflexes religieux pour découvrir le Seigneur, c’est une caricature du Dieu d’amour qui risquerait de s’offrir à nous. Ne serait-ce pas là confesser un dieu qui soumet à la triste règle du donnant-donnant ? Nous agissons parfois comme si, en réponse à l’amour dispensé gracieusement, nous aurions pour devoir d’aimer – si tant est qu’aimer par devoir fasse sens – ou de souffrir comme si le Christ, qui a souffert par amour pour nous, désirait que nous souffrions en retour.

Appliquons cette logique comptable à nos relations humaines : son absurdité nous saute d’emblée aux yeux. Les parents n’aiment pas leurs enfants par devoir même s’ils ont des devoirs envers eux. Il ne viendrait à l’idée de personne, pour soulager un proche malade, de proposer d’adjoindre, aux souffrances de ce dernier, les siennes propres ! En revanche, se tenir auprès de celui qui souffre, voilà une admirable manière d’exprimer son amour. Au cours des Exercices spirituels, le retraitant est amené à faire l’expérience qu’il est aimé d’un amour inouï et à s’ouvrir au désir de rendre amour pour amour. C’est alors qu’il peut entrer dans la contemplation du Christ en sa Passion, sans sombrer, et demeurer là avec son ami souffrant, lui faisant l’humble don de sa présence. À l’Amour, nous sommes appelés à répondre par l’amour. Cela seul suffit. Il est là notre devoir.

Marie-Caroline Bustarret

Format papier 15,00 EUR
Format ePub 9,99 EUR

Edito

Dossier du numéro

ESPRIT ES-TU LÀ
Leçons du film Ready Player One sur les « images virtuelles »
Franck DAMOUR

Lire et méditer