Pourquoi est-il si compliqué de parler du rapport de Jésus à la force ? Pourquoi le sujet donne-t-il l'impression de s'inscrire en dissonance avec ce que l'on perçoit en lisant l'Évangile ? Ce questionnement exprime d'emblée que la force pour elle-même n'entre pas dans l'enseignement de Jésus. La force entendue au sens de pouvoir, de puissance d'action physique, de capacité intellectuelle, d'influence sur la réalité ou sur les personnes, de capacités morales à mettre en œuvre pour poursuivre une action, ne fait pas partie des préoccupations des évangiles. Aucun enseignement n'a ce thème comme objet d'étude ou de transmission. Aucune interrogation ne vient des disciples à ce sujet. Dans les évangiles, on constate que les disciples ont des questions de place, de compréhension, de logistique, de survie ou de vie après la mort mais n'ont pas, du moins dans le texte qui nous est parvenu, d'interrogations à propos de la force.

Le terme lui-même ne se trouve qu'en de très rares occasions dans les évangiles et les deux occurrences les plus significatives apparaissent dans un contexte de guérison et sont relatives à une force de type physique dont Jésus est porteur. Le premier passage concerne des foules se regroupant autour de lui dans l'attente d'un miracle : « Toute la foule cherchait à le toucher, parce qu'une force [dunamis] sortait de lui et les guérissait tous » (Lc 6, 19). Dans un contexte similaire, un autre