La force constitue, dans la philosophie de l'Antiquité depuis Platon, l'une des quatre vertus primordiales, avec la prudence, la justice et la tempérance. La vertu est un art de bien vivre, une perfection acquise par l'homme qui agit en accord avec la raison. La force, ou courage, lui permet ainsi de supporter les malheurs et d'affronter les épreuves, en restant fermement attaché à ce que lui dicte sa raison. Telle est du moins la conception des philosophes stoïciens.

Augustin la critique fermement : la véritable force n'existe qu'au sein d'un immense élan d'amour vers Dieu, dont Dieu est lui-même l'auteur. Elle n'a rien d'un volontarisme raidi, mais est fermement ancrée dans l'espérance du bonheur futur, que l'être humain ne peut trouver qu'en Dieu.

Le bonheur par la raison

Chez les Anciens, la question de la vertu est étroitement liée à celle du bonheur : c'est là un héritage de la philosophie grecque, selon laquelle toute l'action morale est orientée vers une fin qui n'est autre que la « vie heureuse », c'est-à-dire la vie humaine parfaite, accomplie, indissociable d'un certain état de bonheur. Selon Aristote, les vertus constituent des moyens d'atteindre une telle fin ; mais, aux yeux des stoïciens, la vertu est cette fin elle-même : elle est le « souverain bien », ce qui signifie qu'en elle seule réside le