De diverses manières et dans divers contextes, les auteurs du Premier Testament s'arrêtent pour chanter la grandeur et la puissance du Seigneur qui a créé le monde avec une sagesse admirable et une mesure immense. Il a délivré Israël d'une main puissante et d'un bras étendu. Mais ne voir que le poids de la force serait limiter le sens et la portée de ces textes. Plus fine et moins perceptible à un regard superficiel, se manifeste aussi une force paradoxale ; cette force, qui se déploie à travers un choix de vulnérabilité, un choix d'impuissance, ne contredit pas la force de Dieu.

Abracadabra

Le rêve de tout magicien est d'avoir la force créatrice de Dieu ou, plus précisément, de créer l'illusion d'avoir ce pouvoir. Peu de gens savent que le célèbre mot des magiciens « Abracadabra » vient de l'hébreu et est fort probablement inspiré du premier récit de la Création dans la Genèse. « Abra ka dabra » signifie : « Je crée selon les paroles dites. »

Ce qui, pour les mages, est une prouesse, le résultat d'un entraînement et de gestes rapides pour tromper et faire apparaître avec le mot du magicien des choses qui n'étaient pas là auparavant, est ce qui se passe à la première page de la Genèse, où Dieu crée en « disant » l'univers. La Création apparaît ainsi comme l'expression d'une puissance sublime. C'est la puissance d'un Dieu qui donne la vie et qui « appelle le néant à l'existence » (cf. Rm 4, 17). Un écho de cette Création par la parole et le souffle du Seigneur se trouve dans le psaume 32 : « Par la parole de