Quand le temps nous est donné...
LE DÉMON DE MIDI
DOSSIERS
IMPOSSIBLE PARDON ?
Approchons le pardon avec prudence sans cependant le perdre comme fondement indispensable de la vie avec d'autres. Nous mettre à l'écoute des victimes de crimes conduit à entrevoir l'impossibilité du pardon. Le pardon relève de la grâce et, de ce fait, il ne peut se commander. Il nous revient donc de poser le pardon sur des bases qui permettent de l'envisager pour ce qu'il peut être : le fruit d'un désir humble et puissant, porté par le Christ.La justice restaurative opère un déplacement de perspective, en mettant les victimes au centre. L'Église elle-même pourrait s'en inspirer et repenser son discours sur le pardon, notamment sacramentel. Dans un esprit similaire, lors du Grand Pardon, le judaïsme enjoint les croyants à se présenter devant celles ou ceux qu'ils ont offensés. À travers ses multiples récits qui dévoilent la complexité des rapports humains, la Bible elle-même enseigne qu'il n'est pas de vivre ensemble sans la restauration des relations de fraternité. Confesser un Dieu qui entre en relation avec l'humanité et par là assume ce qui relève de toute relation – le risque de blesser ou d'être blessé – ne mène-t-il pas à poser la question : Dieu peut-il être le destinataire de notre pardon ?Par sa vie et sa mort en victime innocente...
LIRE ET MÉDITER
LES LECONS DE BÉTHANIE, SYLVAINE LANDRIVON
Cerf, 2022, 264 p., 22 €.Cet ouvrage de la théologienne Sylvaine Landrivon se consacre à la réhabilitation du destin théologique de Marthe et Marie. Une partie des analyses aborde également et nécessairement les figures de Marie, mère de Jésus, et Marie, dite « la Magdaléenne ».Pourquoi faire un focus sur le village de Béthanie, celui de Lazare et de ses deux sœurs ? En quoi les scènes racontées par l'évangile de Luc, et surtout celui de Jean, méritent-elles qu'on en tire des leçons théoriques et pratiques ? C'est que l'analyse narrative montre comment, en ce lieu, les rencontres de ces deux femmes avec Jésus, dont elles étaient amies proches, ont suscité des attitudes, des échanges de paroles, des déplacements du corps et de l'esprit qui permettent de « remodeler l'ensemble du schéma mort et résurrection », ce schéma trouvant sa pleine signification dans le récit final de l'onction dite « de Béthanie ». Entre abaissement et relèvement, c'est le processus de « déification » de la vocation humaine (selon saint Irénée) qui se voit éclairé et révélé ici. Mais, comme le montre l'auteure, le système clérica...