Vouloir du bien à l’autre n’est pas naturel, surtout quand la violence et la peur habitent nos relations et font partie de nos vies. C’est pourtant une bienveillance désarmée et désarmante que Jésus-Christ est venu porter dans notre chair et offrir à tous, ennemis et centurion compris, dans sa mort injuste sur la croix. Signe, dès lors, de résurrection, de pardon, de paix promise et possible. La bienveillance est une dimension efficace de la bonté qui doit se déployer dans toutes les fibres de notre existence. Il faut pour cela écouter l’appel à être bienveillants en pensée, en paroles, par action et sans omission…(S. Germain). Nous devons cependant nous prémunir d’une façon de prendre soin de l’autre qui serait en fait une manière déguisée de nier son existence. La littérature abonde en histoires illustrant les dérives possibles de ce narcissisme caché sous les traits de la bonté. Elle nous montre cependant aussi des figures exemplaires de bienveillance, de celles qui élèvent (N. Jeammet)

Ces exemples concrets d’une bienveillance, pour le meilleur ou pour le pire, rappellent à la nécessité de préciser de quoi nous parlons. Il s’agit d’une vertu à éduquer en soi, pour l’orienter véritablement vers le bien d’autrui (J. Caron). Mais peut-on pratiquer la bienveillance au-delà du cercle des proches, c’est-à-dire à l’égard des personnes avec lesquelles nous entretenons des relations contractuelles ou envers celles que nous ne faisons que croiser ? Il est possible de répondre à cette question par l’affirmative si nous nous reconnaissons tous héritiers et garants d’une histoire commune (É. Grieu)

De tout temps, les chrétiens ont reconnu cette volonté de bien pour autrui en d’autres traditions, ils la fondent cependant en Dieu même. Être bienveillant c’est agir en imitateur de Dieu (M. Fédou). La bienveillance de Dieu dont atteste la Bible s’incarne en Jésus. Par sa présence parmi nous, il témoigne de la bonté du Seigneur ; par son attitude envers nous, il nous montre la figure de cette bonté entre bienveillance et exigence, et il nous ouvre un avenir (S. de Vulpillières). À travers l’exemple des faux prophètes, l’Ancien Testament confirme qu’il faut se méfier de la complaisance qui travestit la bonté. En effet, bienveillance et vérité ne passent pas toujours par des paroles de consolation (É. Chauty). Enracinés dans un désir commun de se laisser travailler par l’Esprit, l’accompagnateur des Exercices Spirituels et le retraitant sont invités par saint Ignace à toujours envisager la parole de l’autre avec un présupposé favorable (A. Fumex)

Aujourd’hui plus que jamais nous sommes nous-mêmes appelés à mettre en oeuvre cette attitude dans toutes les dimensions de notre vie. Contemplons ainsi une figure contemporaine qui a su faire de la bienveillance son meilleur gardien : Nelson Mandela(C. Sauret)

Le premier lieu où le chrétien doit pouvoir s’éveiller à une bonté authentique, c’est au sein de l’Église. Nous serons de véritables disciples du Christ quand nous serons bienveillants envers le monde, mais aussi les uns envers les autres (R. Scholtus).