On trouverait bien des passages bibliques pour encourager à la bienveillance. Nous allons plutôt suivre un autre chemin, peutêtre plus difficile, mais en fin de compte plus riche : en lisant trois récits de l’Ancien Testament où s’affrontent vrais et faux prophètes, nous allons montrer comment ils offrent à leur lecteur une pédagogie expérimentale de la bienveillance. Ces textes jouent, en effet, avec les idées du lecteur pour l’aider à devenir davantage bienveillant. Et par la fragilité qui relie leurs éléments, par le « jeu » qui s’y manifeste, ils construisent pour le lecteur un chemin d’expérience intérieure.
Une certaine manière de raconter
Signalons d’emblée quelques difficultés. Ces prophètes, vrais ou faux, prononcent des paroles qui parfois disent du bien, parfois du mal ; parler alors en accord avec Dieu, est-ce annoncer malheur ou bonheur ? Cela a à voir avec une attitude bienveillante : quelle parole cette attitude nous dicte-t-elle face à celui qui souffre ? Mais paradoxalement, alors que les vrais prophètes annoncent fréquemment le malheur, ce sont souvent les faux prophètes qui annoncent le bonheur !
D’autre part, nous devons mesurer la distance qui nous éloigne du monde biblique. Nos préoccupations psychologiques et spirituelles d’aujourd’hui se disent dans un