La foi nous pousse à trouver Dieu tant dans l'ordinaire que dans le sublime de nos vies et, pourtant, la question demeure : « Où est Dieu ? » Car c'est plutôt l'absence de Dieu que nous ressentons. « Dieu, personne ne l'a jamais vu » (Jean 1,18), voici le paradoxe de notre foi en un Dieu révélé et caché.

Mais, l'expérience de s'ouvrir à cette Présence est indissociable de la prise de conscience douloureuse de ce qui nous en sépare. Quand les mystiques disent qu'ils sont en Dieu, c'est dans la foi qu'ils le disent. Dieu ne cesse de nous échapper car il nous appelle au-delà de toutes les images partielles qu'on se fait de lui et dont on risque de faire des idoles. Si la présence de Dieu se goûte parfois, elle ne se possède pas, elle n'est pas le résultat de méthodes, de rites ou de sacrifices mais le fruit d'une patiente mise à disposition de soi dans la prière. La spiritualité ignatienne vise à aider toute personne désireuse de trouver Dieu en elle-même, et surtout dans les rencontres de sa vie. Car la seule présence tangible de Dieu est celle de l'amour : là où sont les hommes, Dieu est présent. La Bible nous rappelle que l'aboutissement de l'histoire du salut est signifié par une ville, lieu où se rassemble la multitude des hommes. N'oublions pas non plus que les liens tissés à partir des fragilités humaines dessinent le visage aimant et incarné de la présence mystérieuse de Dieu. Méditons sur ce « Dieu furtif » qui ne répond pas à nos appels comme à autant de semonces mais qui est là pourtant, mystérieusement. Pour l'entendre quand il vient, faisons de la place en nous, les mots de la poésie peuvent nous y aider.

 

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