Qui entend faire aujourd'hui le procès de la ville et, de là, celui de notre civilisation mondialisée drainant des flux d'humains vers des villes tentaculaires, trouvera pléthore d'arguments à invoquer. Qu'il s'agisse des fourmilières humaines de Lagos ou de Calcutta, du gigantisme des villes chinoises ou des cités des Émirats arabes unis qui métamorphosent les sables du désert en forêts de gratte-ciel vertigineux, partout dans le monde l'urbanisation est la loi d'airain qui reconfigure la vie des communautés humaines. Ainsi se multiplient des populations d'individus déracinés de leur sol, privés des relations généalogiques qui sont le tissu de la vie et coupés de surcroît des réalités essentielles du monde de la nature, où la chair trouve traditionnellement son ancrage, et la vie son tempo profond.
Ce faisant, la culture contemporaine n'est-elle pas en train de nous entraîner irrémédiablement loin de notre vérité anthropologique, en nous aliénant par le même mouvement de notre relation à Dieu ? La rencontre de Dieu ne devient-elle pas improbable dans un monde saturé des œuvres humaines, telles nos villes de béton et de verre que la mondialisation uniformise d'un bout à l'autre de la planète ? Peut-il y avoir place pour l'expérience de la transcendance dans des cités guettées par l'hybris que mettait en scène, au début du siècle dernier, sur un mode halluciné, le Metropolis de Fritz Lang ? Sur ce point, nous avons quelque raison d'être inquiets, de céder à la tentation de regarder en arrière, de rêver tout simplement à des espaces de vie autres, qui nous rendent à une respiration de l'âme. Ainsi se réactive, chez nombre de nos contemporains, une version