« Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera ! » L'hymne baptismale primitive voit l'éveil comme une participation au Mystère pascal, vie donnée à travers la mort. Les premiers disciples ont fait ce chemin, ils sont montés sur la montagne avec lui, ils sont descendus au plus profond de leur coeur. Ils ont fait l'expérience d'entrer dans la prière de Jésus, jusqu'au pardon, et, par-delà sa mort, d'être éveillés à la vie nouvelle. Passer du sommeil à l'éveil : la métaphore parle immédiatement. « Le Seigneur Dieu éveille chaque matin, il éveille mon oreille pour que j'écoute comme un disciple » (Is 50,4-5). Les discours n'y font rien : ce qui importe, c'est plutôt la disponibilité à l'écoute d'une parole qui touche, qui passe par le corps et rejoint l'intériorité — là où l'Esprit Saint travaille, éclaire, porte la parole par son souffle, suscite le désir, ouvre à une relation vivante à Dieu. C'est une parole qui se dit « de bien des façons » (Hb 1,1) avant de trouver son expression parfaite dans le Fils, et de se communiquer à chacun. Aujourd'hui encore, l'aventure continue, la venue d'un être humain à la foi est toujours neuve, bouleversante, risquée.
Quelles sont les conditions pour commencer ou recommencer un chemin de foi ? A travers les Ecritures saintes ou les textes mystiques, à travers la beauté des cathédrales ou la force d'un film, à travers les découvertes des enfants et la méditation sur les joies et les drames de tous les jours, nous avons voulu montrer dans ce numéro de quelles manières s'élaborent les « commencements » de l'expérience spirituelle. Chacun les a connus ou les connaîtra. Car nous sommes portés par le mystère d'amour qui, dans le Christ, brûle toute vie.