Av. pr. Y. Roullière. Bayard, coll. « Christus », 2004, 172 p., 18,90 €.
Cet ouvrage est à lire comme il a été écrit, pas à pas, comme une sorte de méditation toujours reprise et prolongée. Et le lecteur découvrira que s'éloigne la tentation de violenter le temps. Car chaque mot est pesé avec une balance faite de compassion pour les êtres et les événements. Il s'agit bien de méditations, exercice d'unification de soi-même dans la recherche de l'unité du monde, méditations exigeantes qui ne se paient pas de mots en comblant artificiellement les fissures de l'existence par un discours dans le goût de notre époque. Le corps qui excède toujours le corps, la violence, la durée éclatée d'une vie qui zappe et surfe sur les images déchirées de nos sociétés, la défaillance qui est au cœur de chacun, voilà l'objet de ces méditations. Tout au long de ces pages d'une immense densité, le monde n'apparaît jamais comme ce lieu qu'il faudrait fuir pour accéder à la conscience de soi-même. Car Françoise Le Corre aime ce monde, mais elle l'aime à la manière du Christ ; elle prend la mesure de l'écartèlement d'un monde diverti qui oscille entre le tout-est-possible (mais jamais pour maintenant) et le tout-est-négociable, même les dérives les plus insensées ; elle sent douloureusement le tragique de l'existence où les logiques inconciliables se croisent sans jamais se stabiliser, et où le dernier mot n'est jamais prononcé. C'est ainsi que le propos bannit cette légèreté insignifiante si plaisante aux yeux de nos contemporains.
Elargissant le cadre des images où nous sommes tous enfermés, Françoise Le Corre ouvre un espace de silence où la parole d'un Autre devient perceptible, et où le sujet peut enfin parler à la première personne du singulier, comme la voix qui se fit entendre au buisson ardent. Ici, pas d'allusion tonitruante aux exégèses bibliques inédites, pas de présentation toilettée des penseurs qu'il faudrait avoir lus, pas de condamnation facile des erreurs de notre temps, pas de conclusion définitive qui enferme les contradictions vécues dans une formule creuse, pas de bizarrerie rendue acceptable par l'ambiguïté de la phrase. Alors, quoi ? Tout simplement une présence discrète, pleine de discernement, présence dense, insistante, comme insiste l'amour.
Cet ouvrage est à lire comme il a été écrit, pas à pas, comme une sorte de méditation toujours reprise et prolongée. Et le lecteur découvrira que s'éloigne la tentation de violenter le temps. Car chaque mot est pesé avec une balance faite de compassion pour les êtres et les événements. Il s'agit bien de méditations, exercice d'unification de soi-même dans la recherche de l'unité du monde, méditations exigeantes qui ne se paient pas de mots en comblant artificiellement les fissures de l'existence par un discours dans le goût de notre époque. Le corps qui excède toujours le corps, la violence, la durée éclatée d'une vie qui zappe et surfe sur les images déchirées de nos sociétés, la défaillance qui est au cœur de chacun, voilà l'objet de ces méditations. Tout au long de ces pages d'une immense densité, le monde n'apparaît jamais comme ce lieu qu'il faudrait fuir pour accéder à la conscience de soi-même. Car Françoise Le Corre aime ce monde, mais elle l'aime à la manière du Christ ; elle prend la mesure de l'écartèlement d'un monde diverti qui oscille entre le tout-est-possible (mais jamais pour maintenant) et le tout-est-négociable, même les dérives les plus insensées ; elle sent douloureusement le tragique de l'existence où les logiques inconciliables se croisent sans jamais se stabiliser, et où le dernier mot n'est jamais prononcé. C'est ainsi que le propos bannit cette légèreté insignifiante si plaisante aux yeux de nos contemporains.
Elargissant le cadre des images où nous sommes tous enfermés, Françoise Le Corre ouvre un espace de silence où la parole d'un Autre devient perceptible, et où le sujet peut enfin parler à la première personne du singulier, comme la voix qui se fit entendre au buisson ardent. Ici, pas d'allusion tonitruante aux exégèses bibliques inédites, pas de présentation toilettée des penseurs qu'il faudrait avoir lus, pas de condamnation facile des erreurs de notre temps, pas de conclusion définitive qui enferme les contradictions vécues dans une formule creuse, pas de bizarrerie rendue acceptable par l'ambiguïté de la phrase. Alors, quoi ? Tout simplement une présence discrète, pleine de discernement, présence dense, insistante, comme insiste l'amour.