En Europe, nous sommes tous confrontés à une explosion des migrations, qui affectera inévitablement notre avenir. Nous sommes touchés, comme les migrants eux-mêmes, là où nous ne voudrions pas, dans notre origine même. Nous la tenons des autres, de leur amour ou de leur jouissance de la vie. Peut-être alors pouvons-nous entendre et lire un appel de l'Esprit au cœur de cette situation violente et passionnelle.
Aller vers l'étranger concerne chacun de nous dans les diverses étapes de sa vie, où la capacité à se séparer et à affronter la solitude et la peur est la condition pour rencontrer l'autre et qu'advienne le « je ». La fondation d'un lieu comme Taizé n'aurait pas vu le jour sans la capacité de Frère Roger à quitter les terrains connus. La vieille histoire de Ruth dans la Bible rappelle que la fidélité à l'amour de l'autre est plus forte et féconde que la fidélité aux traditions et valeurs identitaires. L'histoire de l'Église montre combien notre Histoire sainte est une histoire de migration. Au fondement de cette expérience, la force de l'Esprit de Pentecôte fait entendre une chance, non pas un désastre ou un déclin (Rm 8,22 et suivantes).