Le livre de Ruth est un petit livre : quatre chapitres seulement ! Avec le livre de Job, il est le seul à porter le nom d'une personne étrangère au peuple d'Israël. Car Ruth est Moabite. Sa figure se détache peu à peu sur fond d'une migration familiale qui a viré au cauchemar.
Élimélek – nom qui signifie « Dieu est roi » – quitte Bethléem avec sa femme, Noémie, et ses deux fils. Il prend cette décision car il y a famine au lieu même où l'on devrait trouver du pain (un des sens possibles de Bethléem est « maison du pain »). Le texte débute donc sur des contradictions insoutenables : Dieu est-il vraiment roi alors que la mort menace cette famille du peuple d'Israël ? Les lieux d'enracinements et d'histoires sont-ils des leurres s'ils ne peuvent plus nourrir la vie ? Ce départ s'accompagne d'emblée du poids de ces lourdes questions. N'est-ce pas parce qu'il se sent abandonné qu'Élimélek abandonne ses racines et sa terre ?
Il va à Moab, dans cette terre qui, jadis, a voulu maudire ce peuple de migrants sortant du désert, peuple dont il est issu. Car le roi de Moab a voulu maudire ses lointains ancêtres pour leur barrer tout avenir. Selon certains textes, les Moabites