Dans la société d’aujourd’hui, il est des formes d’inaction, d’atonie, de démotivation qui donnent à croire que tout courage a été ôté non seulement pour agir ou réagir de façon collective, mais pour s’efforcer de comprendre la situation complexe dont dépend notre avenir, notre propre liberté. N’y sommes-nous pas pour une part confrontés dans l’actuelle crise économico-financière qui nous dépas­se de tous côtés ? Un sentiment d’exclusion des réseaux de décisions susceptibles de peser sur les événements engendre chez ceux qui le subissent un doute profond qui s’ajoute à la morosité ambiante. Chez ceux qui cherchent à dépasser ce sentiment, comptent avant tout les signes et indicateurs financiers d’un espoir de reprise, chez soi ou chez les autres, qui épargnera au mieux leurs intérêts ou ceux du pays. Pas, ou peu, d’interrogation sur le « paradigme », sur les orientations de fond, malgré de nombreux appels… Il y a comme une sorte de déni devant la réalité pressentie de la situation, où la peur de l’avenir et la complexité s’unissent dans une forme d’attentisme désabusé, malgré quelques indignations très localisées.

Notre propos n’est pas de chercher des raisons éthiques ou spirituelles à cette crise, ni d’émettre sur elle un jugement moral. Il s’agit plutôt de voir dans quelle mesure l’expérience de la vie spirituelle peut éclairer de son jour propre ce qui précisément peut nourrir un tel sursaut, ce qui y fait obstacle, et peut-être aussi ce qui relève de l’illusion, ce qui à proprement parler peut « abuser » les