La compassion dépasse de beaucoup l’intensité d’une communion suscitée par une catastrophe, un accident, une situation. On y cherche la proximité de l’autre, on a besoin de sentir dans nos gestes, nos regards ou nos larmes, avant même la moindre parole, cette émotion partagée où chacun se reconnait dans notre humanité commune. Elle traverse toutes les frontières, linguistiques et culturelles, religieuses ou politiques. Et l’énergie qu’elle fait naître ne cesse de créer partout dans le monde d’innombrables lieux et modes d’accueil, d’accompagnement, de partage, là où l’humanité subit la souffrance, le mépris, les traitements infamants, mais aussi de multiples handicaps, pauvretés, maladies,… Sagesses spirituelles, religieuses ou laïques, incarnent généreusement une compassion qui dit tout simplement le plus précieux de l’homme : l’amour sans lequel nul ne peut vivre ni grandir.

Dans la compassion qu’il a pour tous ceux qu’il rencontre, Jésus ouvre un chemin qui va au-delà d’un partage et d’un soin de la souffrance de l’autre. Et cela le conduit à « l’extrême de l’amour », dit St Jean, jusqu’à donner sa vie, sans rien en garder pour lui, pour que l’amour devienne dans la rencontre et le service de l’autre la raison même de toute relation, de toute société. Passion pour tout homme, y compris le traitre, qui donne son fondement le plus solide à toute vie sociale en donnant corps et réalité à la résurrection. Partager et soulager la souffrance, compatir, oui ! Mais aussi, avec le Christ qui s’engage tout entier dans sa Passion, accueillir la foi et la force de changer nos logiques d’asservissement et de mort en liens de service pour une vie nouvelle, ensemble.

Remi de Maindreville