« Mort au plaisir ! » Tel semble être le message de tant d’écrits spirituels valorisant la souffrance. À l’opposé, vivre pour le plaisir ne fait que renforcer l’égoïsme et les maux qui l’accompagnent. Entre ces écueils du dolorisme et de l’hédonisme, la foi chrétienne ouvre un chemin vers Celui qui nous appelle à vivre un plaisir dépassant infiniment toute attente spontanée : le bon plaisir qu’il est et veut être pour nous. Un plaisir d’une telle plénitude qu’il mérite par-dessus tout le beau nom de « joie » : joie « complète » qui fut celle de Jésus et qu’il veut nous communiquer (Jn 15, 11).

Une figure spirituelle pour aujourd’hui

Sur le chemin vers ce plaisir suprême, les saints sont de précieux guides. Toutefois, même ceux qui nous sont les plus proches par une vie spirituelle dépourvue de phénomènes extraordinaires – telle sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897) – peuvent nous laisser l’amère impression d’un trop grand écart avec notre expérience. Pour nous sentir davantage entraînés, il nous faudrait le témoignage d’une personne qui, tout en ayant comme eux expérimenté le plaisir indicible de la plénitude de l’union à Dieu, ait en commun avec nous d’estimer le corps et la sexualité, de considérer le mariage comme une voie de sanctification de même valeur que la vie religieuse, d’avoir l’expérience du vieillissement, de vivre en notre époque de perte dramatique de crédibilité de l’Église et de son message, de prendre en compte l’approche historique de la Bible et de la Tradition, ainsi que la théologie contemporaine et la psychologie et, surtout, de