Quand le temps nous est donné...
LE DÉMON DE MIDI
DOSSIERS
A L'ÉPREUVE DE LA PERTE
Nous savons d'expérience qu'il n'y a pas de vie sans pertes, fussent-elles presque insensibles ou au contraire sévères jusqu'à l'irréparable. Quand la perte nous arrache à nous-même et nous livre à l'angoisse, y a-t-il, sous le sol qui se dérobe, un sol plus ferme sur lequel reprendre pied ? Qu'est-ce qui nous permet de garder l'espoir que quelque chose est donné, envers et contre tout ? Avant de chercher des réponses à ces questions, rappelons que vivre à l'épreuve de la perte, c'est tout d'abord accepter de lâcher nos appuis alors que notre premier réflexe est d'essayer de donner un sens à ce qui n'en a pas. À cette tentation, il peut être salvateur d'opposer la plainte. Oser dire notre douleur à nos frères et sœurs ou adresser notre cri au ciel, ainsi que Job l'a fait. Mais, parfois, même notre soutien nous est retiré, la consolation de la foi ou la force du corps par exemple, comme en témoigne Thérèse de Lisieux pendant les mois qui ont précédé sa mort. Ou comme ce que vit toute personne traversant les dépouillements successifs qu'impose le grand âge. Pour le chrétien qui vit l'absence du Christ comme un manque cruel, la liturgie offre d'habiter l'expérience de la perte, elle fait rencontrer le Dieu qui ne vient pas combler nos manques mais les transforme en une attente féconde. Comme les premiers Apôtres du Christ qui ont eu à vivre sans leur Ami, les chrétiens sont appelés aujourd'hui à consentir à Le perdre pour Le retrouver avec d'autres, en Église. En ces temps d...
LIRE ET MÉDITER
L'APPRENTISSAGE DE LA LIBERTÉ, FRANÇOIS ROUSTANG
Odile Jacob, 2022, 640 p., 35 €.Directeur de Christus depuis 1962, François Roustang (1923-2016) prit congé de l'ordre jésuite et de la foi chrétienne en 1966, à la suite d'une chronique de quelques pages qui ne cassait pas trois pattes à un canard, mais avait suscité l'ire du pape Paul VI et, conséquemment, la panique dans les rangs de la hiérarchie. Roustang s'était borné à constater qu'en plus du ravi de Vatican II et du nostalgique de l'ordre chrétien, il fallait désormais compter avec un « troisième homme », absentéiste de plus en plus fréquemment mais peu porté à se manifester, un individu aux yeux de qui la foi chrétienne avait perdu toute pertinence, parce qu'elle ne parlait plus à sa condition d'homme moderne.L'affaire et l'enjeu du « troisième homme » ont fait l'objet, voilà quatre ans, d'un livre publié à l'initiative d'Ève-Alice, fille de François Roustang. Remi de Maindreville en a rendu compte dans Christus (n° 262, avril 2019, pp. 114-115). Voici que paraît, toujours chez Odile Jacob, un recueil, non exhaustif mais suggestif, d'articles, de conférences et d'interviews balisant l'itinéraire ultérieur de ce marcheur infatigable, mais apparemment jamais bless&eac...