Les contemplatifs, experts en athéisme ?
Paul VI attendait des moines qu'ils « rendent témoignage » de la possibilité d'une véritable « expérience » de Dieu, alors que le monde moderne sécularisé semblait la contester et que même « certains chrétiens (...) allaient jusqu'à mettre en doute la possibilité d'atteindre le Dieu transcendant qui s'est révélé aux hommes ». Non pas, pensent les auteurs, que les moines aient un privilège particulier à faire valoir, puisque « la vie contemplative dans les cloîtres n'est que la vie simplement chrétienne », « menée cependant dans des conditions qui favorisent (...) une spécialisation, pourrait-on dire, dans la relation à Dieu ».
Si le contemplatif se retire dans un lieu désert, en retraite par rapport au monde, le désert de la Bible que Jésus aura connu à son tour, « il a l'impression de s'être établi aux sources mêmes de l'Église : (...) Il sait se reconnaître dans les épreuves et les tentations qui assaillent certains chrétiens. Il comprend ses peines et en discerne le sens ». Et les auteurs d'en appeler tout de suite à ce qui fut la tentation extrême de Jésus sur la croix, celle de se sentir abandonné de son Père. Le contemplatif, continue le texte, « connaît, lui aussi, toute l'amertume et l'angoisse de la nuit sombre : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" »
Le document nomme ensuite explicitement la tentation de l'athéisme Même si celle-ci est aujourd'hui quelque peu passée de mode pour s'être progressivement tassée, pourrait-on dire, en agnosticisme, avant d'aboutir à ce désamour et à cette indifférence qui nous préoccupent présentement, elle était déjà latente dès la fin du Concile lorsque, toujours selon le même document, « des chrétiens eux-mêmes, mus parfois par le souci de partager intégralement la condition de leurs frères, cèdent à des sentiments analogues en prônant la nécessité d'une certaine incroyance comme base d'une sincérité pleinement humaine. Selon certains, on ne pourrait même pas atteindre un Dieu qui, par définition, serait transcendant, Tout-Autre ; il suffirait pour être chrétien de se dévouer généreusement au service de l'humanité ».
Sans doute les rédacteurs du message avaient-ils bie...
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