Lors du premier Synode, réuni par Paul VI dans la mouvance du Concile qui venait de se clôturer, un Message de religieux contemplatifs fut lu, à la fin de la session du 8 octobre 1967, par Mgr Charrière, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg 1. Celui-ci avait sans doute été .choisi parce que son diocèse totalisait un nombre impressionnant de monastères contemplatifs. Bien que, dans son introduction, le document semble insinuer que l'initiative revenait à « un groupe de moines contemplatifs », c'est en réalité Paul VI lui-même qui, le premier, en avait eu l'idée et avait chargé son secrétaire particulier, Mgr Macchi, de trouver quelques plumes bénévoles. Crayon en mains, le pape en avait ensuite surveillé la première ébauche.

Les contemplatifs, experts en athéisme ?


Paul VI attendait des moines qu'ils « rendent témoignage » de la possibilité d'une véritable « expérience » de Dieu, alors que le monde moderne sécularisé semblait la contester et que même « certains chrétiens (...) allaient jusqu'à mettre en doute la possibilité d'atteindre le Dieu transcendant qui s'est révélé aux hommes ». Non pas, pensent les auteurs, que les moines aient un privilège particulier à faire valoir, puisque « la vie contemplative dans les cloîtres n'est que la vie simplement chrétienne », « menée cependant dans des conditions qui favorisent (...) une spécialisation, pourrait-on dire, dans la relation à Dieu ».
Si le contemplatif se retire dans un lieu désert, en retraite par rapport au monde, le désert de la Bible que Jésus aura connu à son tour, « il a l'impression de s'être établi aux sources mêmes de l'Église : (...) Il sait se reconnaître dans les épreuves et les tentations qui assaillent certains chrétiens. Il comprend ses peines et en discerne le sens ». Et les auteurs d'en appeler tout de suite à ce qui fut la tentation extrême de Jésus sur la croix, celle de se sentir abandonné de son Père. Le contemplatif, continue le texte, « connaît, lui aussi, toute l'amertume