Il y a plusieurs manières d’envisager la relation entre les Exercices et l’Eucharistie. L’angle que nous avons choisi est double. Le premier est celui de la liturgie eucharistique, comme itinéraire mystagogique de la vie chrétienne. Le second est une réflexion sur la grâce des Exercices comme grâce eucharistique. Une option fonde cette lecture, selon laquelle les Exercices représentent la trajectoire du disciple. Nous aurons à en vérifier la pertinence.

Liturgie eucharistique et Exercices


La célébration eucharistique réalise un condensé de l’expérience chrétienne (Lc 24,13 35). À ce titre, elle permet de relire l’itinéraire spirituel des Exercices comme celui du disciple dans l’Évangile. Ce dernier comprend quatre temps, que nous retrouvons aussi bien dans la structure de la célébration que dans le livret d’Ignace : 1. L’appel universel à se retourner vers Dieu, objet de la prédication inaugurale de Jésus (temps de la conversion) ; 2. L’appel singulier à être d’une certaine manière avec le Christ, à le suivre, à écouter sa parole et ses enseignements (temps de l’élection) ; 3. L’appel à monter avec lui à Jérusalem, pour y célébrer sa Pâque (temps de la passion purifiante) ; 4. L’appel consolateur du Ressuscité, ouvrant le temps de l’Église et de la mission (temps de la consolation missionnaire).

Pour cette relecture, nous nous inspirerons assez librement de deux sources. La première est une homélie du P. Gaston Fessard 1, où il explique les parties de la messe à partir des semaines des Exercices. La lecture de ce texte, centrée sur « l’avant et l’après de l’élection », est suggestive, même si elle pèche un peu par excès de systématisation, en cherchant une correspondance terme à terme. Elle appelle aussi quelques ajustements pour rendre raison de la liturgie actuelle. La seconde source vient du P. Dieudonné Dufrasne : nous lui emprunterons des éléments de sa lecture en quatre temps de la célébration eucharistique, inspirée du Cantique des cantiques 2, qui nous aidera à en souligner davantage la dimension d’union et de réciprocité, à la lumière de l’ad amorem.