« Le temps de Dieu est le meilleur des temps. En lui, nous avons la vie, le mouvement et l'être, aussi longtemps qu'il le veut, en lui nous mourrons, au moment dit, quand il veut. »1 Ainsi s'ouvre l'une des premières cantates de Jean-Sébastien Bach, puisant à un verset des Actes des Apôtres cette affirmation forte. Si un tel énoncé de foi trouvait naturellement écho dans la société entièrement religieuse où vivait le compositeur, que peut-il en être aujourd'hui dans un monde où la plupart des références croyantes ont disparu ? En d'autres termes, sans vouloir faire d'anachronisme ni de transposition pour le moins hasardeuse, comment recréer un lien, même ténu, entre « le temps de Dieu », sa démarche de salut offerte ici et maintenant et nos vies les plus quotidiennes ? Comment s'ajuster à cette autre temporalité, à différents niveaux : personnels, familiaux, sociaux ? C'est tout le défi auquel nombre de chrétiens sont confrontés.

Maître ou esclave du temps ?

Plus que jamais peut-être, et en dépit de tous ces moyens techniques censés nous faire gagner du temps, nous rendre plus rapides et efficaces, nous nous sentons comme aspirés et pris « dans le flot », ce flux de la vie des activités, au risque parfois que certains se sentent mis de côté lorsqu'ils ne le suivent plus. En semaine, pour les actifs ou même pour bien des retraités, la vie semble tout absorbée par le travail et ce qui gravite autour : transports, présence effective, réunions, rendez-vous, préoccupations mentales qui débordent les horaires prévus… Dès lors, les moments normalement dédiés au repos n'en sont plus. Que de parents et de familles ne déplorent-ils pas ces samedis particulièrement chargés, entre les courses, les démarches diverses, les activités de loisirs, les devoirs ou les moments de convivialité ? Car ces journées vouées en principe à la détente donnent paradoxalement l'impression que le temps est encore plus