Envisager la relation d’accompagnement spirituel sous l’angle de l’autorité et de l’obéissance a de quoi surprendre aujourd’hui. Qu’y a-t-il en effet de moins contraignant, de plus libre et de plus confiant au premier regard que cette relation, où la vie intérieure de l’un s’expose à l’écoute attentive et aux conseils de l’autre, à la recherche de la volonté de Dieu, des signes de l’Esprit, des engagements d’une foi plus vivante ? Tout cela ne s’opère pas sans combat ni résistance intérieurs, mais dans le sentiment d’une grande liberté, si bien qu’on ne voit pas spontanément où se situerait la contrainte de l’obéissance ou le sceau de l’autorité.
Pourtant, n’y a-t-il pas là quelque chose de cet ordre quand la personne accompagnée met en oeuvre ce que son accompagnateur lui a proposé ? La tradition est riche en récits de mystiques et maîtres spirituels évoquant, non sans reconnaissance, la fermeté dans laquelle ils ont été conduits ou souhaitaient être conduits spirituellement par leur « directeur » ou leur « confesseur » : Thérèse d’Avila, par exemple, cherchait des « confesseurs » qui lui résistent. Cela signifie-t-il que la récente notion d’« accompagnement » connote un rapport nouveau à l’autorité et à l’obéissance ? En quoi et à quelle fin y sont-elles sollicitées ? Leur relation si intime peut-elle éclairer d’autres formes de relation dans l’Église et la société ? Après