Dominique Salin s.j. Centre Sèvres, Paris. A édité et introduit deux ouvrages dans la collection « Christus » chez Desclée de Brouwer : L’abandon à la Providence divine (jadis attribué à Jean-Pierre de Caussade, 2006) et Doctrine spirituelle de Louis Lallemant (2011). Dernier article paru dans Christus : « Hommage à Jean Sulivan : un lecteur des mystiques » (n° 213, juillet 2011).
 
Dans l’engouement actuel pour la mystique, l’effet de mode, le goût du sensationnel et les publications racoleuses ne doivent pas faire oublier le patient travail des érudits. Rétablir l’intégrité textuelle des témoins de la tradition chrétienne, fournir au lecteur moderne les clés d’une lecture respectueuse de leur contexte historique et culturel : ce programme, que les études patristiques s’étaient fixé entre les deux guerres mondiales, s’est étendu avec succès à la tradition mystique. En témoignent deux ouvrages récapitulatifs, richement présentés et reliés, que publient les éditions du Cerf : Encyclopédie des mystiques rhénans d’Eckhart à Nicolas de Cues et leur réception, ainsi que Les mystiques rhénans : Eckhart, Tauler, Suso. Anthologie 1. La mystique rhénane, donc, telle qu’elle s’est épanouie au XIVe siècle dans l’Ordre dominicain, autour de Colmar, Strasbourg et Cologne notamment. Ici s’impose une clarification de vocabulaire, donc de pensée. Au mot « mystique » on associe d’ordinaire les extases, visions, prophéties et phénomènes somatiques paranormaux qui accompagnent parfois l’expérience de Dieu, à l’époque moderne surtout, c’est-à-dire à partir du XVIe siècle. Mais les troublantes descriptions de Thérèse d’Avila sont loin d’épuiser la