Or, toute relation dans laquelle une personne se livre à une autre, dans la confiance, peut ouvrir à une dérive. Celle-ci découle de l'éviction du fondement proprement spirituel de la conversation : c'est avec le Seigneur que l'accompagné est « en conversation » dans sa vie mais aussi dans la relation d'accompagnement. C'est Lui qui guide et accompagne. Témoin privilégié d'une relation qui se joue « sans » lui, l'accompagnateur n'a pas pour rôle d'interférer dans la relation intime, au risque d'y prendre la place de Dieu, mais il aide à la mettre en lumière. Il est attentif à une idéalisation trop distante de la réalité, et à des formes de transferts affectifs qui marquent la relation : amour et haine, attirance et rejet... Fondée sur de mauvaises bases, toute relation d'accompagnement court le risque de la dérive, à des degrés plus ou moins graves : d'une forme de dirigisme de la conscience à l'emprise pure et simple. Celle-ci commence quand naît en l'accompagnateur un désir de gratification affective. Sortir de l'emprise n'est pas assuré. Une confiance brisée, une conscience violée ne peuvent renaître que d'une écoute constante, fidèle et discrète.
Pour un accompagnement sans emprise
N°265 - Janvier 2020
- Accompagnement
- Amour, charité
- Arts (littérature, cinéma, peinture, sculpture,…)
- Bible
- Confiance
- Conversion
- Discernement
- Eglise
- Espérance
- Evangile
- Exercices spirituels
- Foi
- Jésuites et Compagnie de Jésus
- Obéissance et autorité
- Paix, violence, conflit
- Psychologie
- Rencontre, dialogue
- Spiritualité
La relation d'accompagnement naît du désir de cheminer à la suite du Christ et d'être aidé pour cela par une personne expérimentée dans la vie spirituelle. La relation qui se crée alors pose d'emblée une dissymétrie : il y a une personne qui se livre sur sa vie intérieure et une autre qui écoute. À partir de ce que celle-ci entend et observe, et en dialogue avec la personne accompagnée, la personne qui écoute essaie d'aider l'autre à découvrir et à formuler la manière dont l'Esprit la guide. L'une parle à partir des expériences et des questions concrètes que suscite sa vie, l'autre à partir du « petit peu » toujours partiel qui lui est livré et de sa propre connaissance des voies de l'Esprit. Outre son expérience, l'accompagnateur s'appuie pour cela sur un cadre de référence, qui précède et qualifie la relation, constitué de la Bible et de règles de discernement (telles celles de saint Ignace). Ce cadre, en effet, est tout à fait spécifique parmi d'autres formes de compagnonnage.