Les abus toujours plus nombreux dans l'Église ne relèvent pas tous de pathologies qui ne seraient ni décelées ni soignées chez leurs auteurs. Un accompagnement spirituel, même inspiré des meilleures intentions, peut dévier de sa finalité et progressivement déraper. L'accompagnement est un terrain propice au développement d'une emprise sur la conscience, la pensée et les décisions d'une personne. Celle-ci abandonne toujours plus sa liberté à son accompagnateur, qui installe ainsi son pouvoir sur elle. À l'insu des deux, bien souvent, car la confiance initiale demeure, voire s'accroît, quand la personne accompagnée se sent prise en charge et aidée dans sa foi, et que l'accompagnateur a le sentiment d'accomplir sa mission. Mais cela devient un chemin d'abus de conscience et de pouvoir, dont il est difficile de se relever.
Par quelles voies une relation d'accompagnement peut-elle conduire à des situations d'emprise, voire à une mainmise totale sur l'intériorité de l'autre ? Quels indices ou signes de la vie spirituelle permettent de prendre conscience d'une évolution dangereuse de la relation ? Comment alors désamorcer l'emprise et quelle suite lui donner, comme accompagnateur ou accompagné ?
Commencer la relation
L'accompagnement spirituel procède d'un choix aussi libre et ajusté que possible entre une personne qui demande une aide pour avancer dans la foi et une autre qualifiée pour l'accompagner. L'accompagnateur est une femme ou un homme d'écoute, une sœur ou un frère, lui-même accompagné, menant une vie de foi dans l'Église. Son expérience dans la recherche et le discernement de l'Esprit saint s'enracine dans la parole de Dieu qu'il accueille chaque jour en lui, pour s'efforcer de vivre toute situation dans la paix donnée, comme un appel ou une rencontre de Jésus Christ. Ce n'est pas lui qui s'est érigé en accompagnateur, à partir de ses qualités ou compétences. C'est la communauté chrétienne qui l'appelle ou le propose, sensible à la cohérence et à la vérité de sa vie, et c'est