« Je dois vivre dans la réalité de mon époque si je veux connaître la volonté de Dieu. » L'engagement exprimé par le cardinal archevêque du Luxembourg, désormais proche conseiller du pape François, constitue le filigrane de cet ouvrage tout à la fois lucide et réconfortant. Rien n'est éludé des difficultés actuelles de l'institution : sécularisation, désaffection du culte et des sacrements, crise des abus… Les causes en sont multiples et on ne trouvera ici rien de très original sur ce sujet, si ce n'est l'appel à l'humilité de l'institution. « Notre plus grave erreur est d'avoir fait de notre religion une affaire de performance », estime le jésuite. Ou encore : « Ce ne sont pas certains rites ou certaines habitudes humaines qui, comme tels, constituent le mystère [de la divinité]. » Et de dénoncer la mise en avant des « structures », aux dépens d'une transmission vivante et d'une proximité, en particulier avec les jeunes. Le réconfort, on le trouve à la lecture de ce parcours de vie, fait d'humilité et de simplicité : une vocation religieuse confortée par des études à Rome, la découverte de la spiritualité ignatienne, la réponse à l'appel du large en partant pour le Japon, où il passera au total plus de vingt ans, en particulier au sein de l'université catholique Sophia de Tokyo. Cette expérience d'inculturation changera définitivement son regard sur la mission des baptisés. Si des signes de la présence de Dieu sont tangibles au Japon, alors a fortiori ce sera le cas dans notre vieille Europe déchristianisée ! On pourra regretter que la forme retenue pour cet ouvrage (il s'agit d'interviews) laisse peu de place au développement d'une pensée que l'on devine féconde et accessible.