Par sa décision, le chrétien donne un assentiment à ce qu'il expérimente de la volonté de Dieu : son affirmation est un acquiescement à ce qu'il est et à ce que Dieu le veut ; il scelle de son « oui » cet accord intérieur attesté par le sentiment de paix qui accompagne sa résolution. Tout est fait, puisque c'est décidé. Mais tout reste à faire, puisque rien n'est exécuté. Prise aujourd'hui, la décision porte sur demain ; elle devance un avenir qui n'existe pas encore. Après la prière qui a mûri en élection, après l'assentiment donné à l'appel intérieur, il faut donc repasser le seuil du silence et affronter l'existence quotidienne pour y accomplir la parole acceptée. Après que la Terre promise a été indiquée, il faut aller en prendre possession. C'est alors seulement qu'apparaîtront la réalité de la promesse et la valeur de la décision.

Un long chemin commence, pour entrer dans le pays espéré et accomplir la mission confiée. La décision va se heurter aux obstacles et aux doutes qui l'« éprouvent » : c'est la tentation. Elle va pourtant de cent façons reconnaître son accord avec le monde que Dieu lui prépare : ce sont les signes. Elle va être intégrée, tel un geste de plus, dans l'unique travail par lequel Dieu façonne amoureusement chacun de nous : c'est ce qui apparaît à la « mémoire », sens spirituel de l'Histoire. […] Les lendemains de la décision fournissent à l'homme d'action le moyen de discerner mieux la volonté de Dieu et de trouver ainsi la force d'y être fidèle tout au long de sa vie.

La tentation

Ayant reçu l'Esprit, Jésus fut par lui poussé au désert ; consacré à la mission par la volonté du Père et par l'assentiment qu'il y donne, Jésus « doit » partir dans la solitude qui est le lieu traditionnel du combat d'Israël, « pour y être tenté ». Tel est bien le sort de tout chrétien que Dieu a éclairé sur sa volonté ; celui à qui le Père a dit : « Tu es mon fils bien-aimé », celui-là, « rempli de l'Esprit saint », est lui aussi conduit par cet Esprit au désert « pour être tenté par le diable » (M