Dom Michel Le Nobletz, prêtre « missionnaire » en Bretagne au XVIIe siècle, est notamment connu pour ses tableaux ou cartes peintes, destinés à soutenir son enseignement et à nourrir la méditation des fidèles. Une méthode catéchétique originale qui s’est développée au XVIIe siècle comme moyen d’évangélisation.

Dom Michel Le Nobletz (1577-1652) est une grande figure de prêtre « missionnaire » de la Bretagne du XVIIe siècle. Catéchiste, théologien, directeur spirituel, prédicateur de missions paroissiales, il a contribué au renouveau spirituel de la Basse Bretagne dans la première moitié du XVIIe siècle, renouveau poursuivi par son « disciple », le bienheureux Julien Maunoir (1606-1683). Michel Le Nobletz est notamment connu pour l’originalité de ses « tableaux énigmatiques » ou « cartes peintes » (taolennou, en breton), destinés à enseigner la doctrine catholique aux fidèles. Les travaux du jésuite Jean-Claude Dhôtel et d’Anne Sauvy1 ont montré l’originalité de la méthode catéchétique mise en oeuvre par Michel Le Nobletz. Pour leur part, des historiens bretons comme Alain Croix se sont intéressés aux images et représentations de la vie quotidienne figurant sur ses cartes peintes2.
Mais il ne faudrait pas oublier l’enseignement spirituel et les écrits du prédicateur – même si une bonne partie a été perdue – ce qui rend nécessaire de mieux le situer dans l’histoire de la spiritualité, en particulier de la spiritualité ignatienne.

Un homme de son siècle

L’appel

Michel Le Nobletz est né le 29 septembre 1577 au manoir de Kerodern, en la paroisse de Plouguerneau, dans le diocèse de Léon (Nord Finistère actuel), dans une famille de vieille noblesse bretonne. Il a dix-neuf ans lorsque son père l’envoie en 1596 poursuivre ses études au collège de Guyenne à Bordeaux. Il rejoint l’année suivante le Collège des jésuites d’Agen pour quatre années d’humanités et de philosophie. C’est dans cette ville qu’il a une vision de la Vierge Marie lui remettant trois couronnes : de virginité, de maître spirituel et de « mépris du monde » (la scène sera souvent reprise dans l’iconographie le représentant). Dom Michel décide de devenir