Soixante ans plus tard, le P. Alberto Hurtado Cruchaga continue de marquer les esprits. Entre-temps, il est devenu l'une des figures les plus populaires du Chili. Il n'est pas rare de trouver sa photo à Santiago accrochée dans des taxis ou de petites échoppes. Décédé en 1952, il a été béatifié par Jean Paul II en 1994, et sa canonisation est prévue le 23 octobre 2005. Les œuvres qu'il a créées en faveur des pauvres, ses écrits sur la doctrine sociale ou sur la spiritualité de l'action, ses interventions à la radio, l'accompagnement de nombreux jeunes ont fait de lui une figure qui parle aux cœurs et aux esprits : il a éveillé les consciences et s'est fait l'apôtre de la justice sociale. Pour un de ses biographes, Hurtado est un mélange de Jean Bosco, de Joseph Cardjin et de l'abbé Pierre. Avec le premier, il partageait la même origine humble et l'amour des enfants pauvres ; avec le fondateur de la JOC, le zèle pour la classe ouvrière ; avec l'abbé Pierre, la ténacité d'une action en faveur des sans-logis. Il était aussi un éducateur spirituel et un intellectuel engagé. Comment rendre compte des étonnants contrastes dont cette vie semble tissée, entre action débordante et union à Dieu, entre travail spirituel, intellectuel, et action sociale ? Quelques étapes de son itinéraire, quelques écrits de sa main révèlent comment la vie de cet homme, jusque dans ses paradoxes, continue de nous parler.
« Un chaudron bouillant »
Né le 22 janvier 1901 à Vina del Mar, Alberto est issu d'une famille à la tête d'un domaine agricole assez vaste mais pauvre. En 1905, son père meurt et les terres sont vendues précipitamment. Sa famille connaît de graves difficultés financières et se voit obligée d'être hébergée chez des parents à Santiago. En 1909, Hurtado entre au collège Saint-Ignace. Dès son enfance, il désire entrer au noviciat...
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