Parmi les personnes de spiritualité ignatienne au Royaume-Uni, il n’y a probablement qu’une petite minorité qui a voté pour le Brexit le 23 juin 2016. On peut sans doute justifier cette affirmation en faisant appel aux analyses statistiques qui sont sorties en grand nombre après le vote : dans les milieux où la spiritualité ignatienne est bien accueillie – ceux qui habitent les grandes villes, qui jouissent de revenus confortables et d’un niveau d’éducation plutôt élevé – les partisans de Remain2 prédominaient. Mais il y a aussi des connexions plus profondes, proprement religieuses, entre un sentiment international et la spiritualité ignatienne. Cette spiritualité porte profondément en son cœur l’intuition d’une action divine qui transcende les frontières nationales.

La conviction que Dieu unit

 

Pour une part, la fondation en 1980 du Service jésuite des réfugiés (JRS) par Pedro Arrupe a instillé une sensibilité à la question des migrations forcées parmi ceux qui font les Exercices. Cette sensibilité contraste avec l’angoisse devant l’immigration qui a été exploitée par le Leave d’une manière qui semble avoir déterminé le résultat du référendum. Et, plus profondément encore, quand les premiers compagnons jésuites demandèrent à Paul III, en tant que représentant du Christ sur terre – son vicaire – de les envoyer en mission, tout comme Jésus avait envoyé ses disciples, ils prirent conscience qu’ils avaient atteint là un point critique. Si les événements étaient désormais laissés à leur libre cours, leur groupe se dissoudrait et serait tout bonnement dispersé par la mission. Les compagnons décidèrent qu’ils ne devaient pas permettre qu’il en soit ainsi. Car cela reviendrait à aller à l’encontre de la grâce divine qui avait pénétré leur vie :

 

"Après que le Seigneur très clément et très miséricordieux ait daigné nous rassembler et nous unir ensemble, nous si faibles et issus