Les témoignages de la soeur Marie de Monneron et du père Léon Burdin que l’on va lire – et dont nous avons tenu à conserver le caractère oral – sont à plusieurs titres exceptionnels.
Chacun se situe, en effet, dans des lieux, en région parisienne, où sont soignés des cas-limites (maladies mentales et cancers souvent en phase terminale). L’aumônier catholique y prend de grands risques personnels, car il est sans arrêt confronté à des personnes que la maladie a fait basculer dans un monde auquel elles n’étaient pas le moins du monde préparées. Charge alors à cet aumônier, autant que faire se peut, d’aider le patient à accepter cette nouvelle vie – car c’en est une, avec toute sa dignité –, et non simplement de l’aider à survivre.
En outre, la soeur de Monneron et le père Burdin se livrent ici librement à une relecture de leur propre parcours, dans la mesure où ils n’exercent plus (la première depuis quelques mois, le second depuis dix ans). À les écouter, cette mission auprès de ces malades si particuliers semblait être inscrite depuis longtemps dans leur vocation religieuse. M ais on ne se lance pas dans une telle aventure sans avoir connu de près ce passage de la folie ou de la mort dans toute sa nudité. Ainsi voit-on combien les multiples expériences – dont ces témoins ne cachent pas les ombres – ont transformé non seulement leur perception des autres, mais leur foi dont on a le sentiment qu’elle a su déplacer bien des montagnes. On ne sort pas totalement indemne de la lecture de ces pages.
Chacun se situe, en effet, dans des lieux, en région parisienne, où sont soignés des cas-limites (maladies mentales et cancers souvent en phase terminale). L’aumônier catholique y prend de grands risques personnels, car il est sans arrêt confronté à des personnes que la maladie a fait basculer dans un monde auquel elles n’étaient pas le moins du monde préparées. Charge alors à cet aumônier, autant que faire se peut, d’aider le patient à accepter cette nouvelle vie – car c’en est une, avec toute sa dignité –, et non simplement de l’aider à survivre.
En outre, la soeur de Monneron et le père Burdin se livrent ici librement à une relecture de leur propre parcours, dans la mesure où ils n’exercent plus (la première depuis quelques mois, le second depuis dix ans). À les écouter, cette mission auprès de ces malades si particuliers semblait être inscrite depuis longtemps dans leur vocation religieuse. M ais on ne se lance pas dans une telle aventure sans avoir connu de près ce passage de la folie ou de la mort dans toute sa nudité. Ainsi voit-on combien les multiples expériences – dont ces témoins ne cachent pas les ombres – ont transformé non seulement leur perception des autres, mais leur foi dont on a le sentiment qu’elle a su déplacer bien des montagnes. On ne sort pas totalement indemne de la lecture de ces pages.
À Ville-Évrard
C’était un dimanche matin de novembre, pendant la grande grève de 1995 : mon premier jour à l’aumônerie. Je n’avais pas encore la clé du local, et nous étions un petit groupe à attendre l’arrivée du prêtre accompagnateur. On essayait de faire connaissance et comment oublier les présentations ? Il y avait là deux « Dieu », une « Sainte Vierge » et un ange ! Je n’étais ni vraiment rassurée ni apeurée, juste un peu perdue dans cette étrangeté… Comme il y avait une nombreuse assistance à la messe, il a fallu se serrer, rajouter des chaises et je me suis retrouvée face à l’assemblée. J’ai vu prier ceux que j’avais côtoyés juste avant, et il s’est passé quelque chose. J’ai senti que c’était vraiment là que je devais être. À Ville-Évrard. Ces hommes, ces femmes me furent donnés ce jour-là