La collaboration, l’amitié puis la connivence depuis plusieurs années avec une peintre qui a fait le choix de la peinture, donc qui y a engagé son existence et celle des siens, sont le point de départ de ces quelques lignes 1.


OEuvres à regarder


Les oeuvres sont belles, irrécusables dans leur force, impressionnantes dans leur prolifération. Elles saisissent le regard. Elles vous prennent. Elles vous conduisent vers elles, c’est-à-dire vers la toile. Et la toile devient alors monde et énigme. En son espace se concentrent des heures de labeur qui ne se comptent pas, car le travail ne se réduit pas aux gestes de la main qui pose les couleurs avec le couteau. Il a lieu aussi pendant les tâches quotidiennes, lors des cours qui permettent d’assurer la subsistance, pendant les nuits et leurs rêves, dans l’éducation des enfants : le travail est permanent, car la création est permanente. La création ne s’interrompt pas, car elle est continue.
Le labeur ici prend tout l’être, et cela est vrai de tout artiste. L’artiste ne se repose pas car il n’est jamais en repos, et il ne travaille pas car il donne forme à ce qu’il n’attendait pas. Il y a du paradoxe dans l’existence artistique, car il y a un autre rapport au temps, à tous les éléments qui façonnent nos vies au point de les laminer.
Ainsi, discrètement, sans le vouloir ni le savoir, l’artiste, par son choix, inscrit dans notre monde une manière différente de vivre et le temps et l’espace. C’est infime, à la limite de l’insignifiant, mais c’est bien là. Le monde de l’artiste n’est pas un autre monde ; il est notre monde, vécu autrement, et cela par choix à un moment donné, pas toujours datable, mais qui a des repères dans l’histoire.
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