Avec La Conquête de Xavier Durringer et Pater d’Alain Cavalier, sortis la même année en 2011, L’exercice de l’État de Pierre Schoeller montrait l’intérêt du cinéma français pour le politique. À la différence du premier qui pastichait le parcours de Nicolas Sarkozy et du deuxième qui interrogeait les codes du pouvoir, le film de Schoeller est une « fiction documentée » [1]. Moins film politique que film d’action en politique, « inscrit au plus près d’une réalité contemporaine sans que ce soit de l’actualité » et donc « dégagé de toute idéologie » [2], le film parvient à « incarner » le rapport à la chose politique de manière tout à fait crédible dans une intrigue où les personnages n’ont plus à conquérir le pouvoir mais à l’exercer. Il montre ainsi la politique « de l’intérieur », avec ses retentissements dans des histoires personnelles [3].
Le film, et c’est là où il est juste, ne se veut pas une dénonciation. Ni idéaliste ni caricatural, il propose une chronique, plausible et convaincante, du quotidien d’un ministre. Un quotidien fait de crises à gérer : urgences de l’actualité, liens avec les proches collaborateurs, rapports de force et conflits interministériels au sein du gouvernement, relations avec Matignon ou l’Élysée.
On sert l’État, mais on exerce le