Les crises à répétition et les événements récents tendraient à nous faire croire en un éternel retour de l'ombre, en une circularité de l'histoire humaine dans le médiocre, en une trajectoire irrémédiablement tragique. Lorsque plus rien ne nourrit l'espoir, reste l'espérance. Mais comment encourager ce mouvement au plus profond de nous-même ?

L'espérance est par définition un don, une grâce divine. Il nous revient de l'accueillir pour en vivre pleinement. Un livre récent, commentant la pensée de María Zambrano, nous épargne toute injonction abstraite en ce domaine. Cette essayiste espagnole « vient nous chercher dans notre solitude, non pour nous en délivrer, mais pour nous inviter à la vivre1 ». En ce lieu de solitude, l'écriture revêt une fonction inégalable, « on écrit, dit-elle, pour regagner du terrain sur la déroute continuelle d'avoir longtemps parlé ». L'écriture dévoile ainsi le secret de nos vies et fait advenir la vérité, par-delà nos passions et nos anxiétés, par-delà les paroles trop vite jetées en l'air.

Le long et patient travail de l'écriture apparaît tel un exercice proprement spirituel. Par là se dessine la vie véritable. J'en déduis que, par cet acte, le don de l'espérance se fait entendre. L'espérance est au bout des doigts de celui qui ose affronter la solitude, le silence et l'écoute au plus profond. Nous reviennent à la mémoire tous ces hommes et femmes de prière qui épaississent leur journal spirituel inlassablement, au long des orages comme des éclaircies. N'y serions-nous pas tous invités pour retrouver la bienheureuse espérance ?

 

NOTE :

1 Emmanuel Godo, Les passeurs de l'absolu. Les grands écrivains et Dieu, Artège, 2022, pp. 79-80.