« L'engagement a changé », crie-t-on un peu partout. Les mécanismes d'appel et de réponse diffèrent. Nous éprouvons plus vivement la versatilité de nos engouements. Malgré tout, des femmes et des hommes demeurent prêts à se donner pour une cause, même s'ils sont peut-être davantage portés par des motivations personnelles que par des dynamismes communautaires. Ce qui est commun entre tous ceux qui s'engagent est d'être mûs par un élan intérieur qui tourne vers autrui. Une propension à agir, parfois endormie, se trouve réveillée par un appel extérieur ou une situation d'injustice. En tout être humain résiderait ainsi un mouvement de bonté qui le conduit à une ouverture. L'engagement serait alors la manifestation d'un désir d'exister et de faire exister les autres. Des freins, timidités et obstacles se dressent, pourtant l'élan ne se brise pas.

Le mystère de l'Incarnation nous offre une image inspirante de l'engagement : Jésus Christ, puisant sans crainte sa force dans son envoi initial, pleinement plongé dans la réalité du monde, va jusqu'au bout de la rencontre avec tout être humain. Il reçoit autrui, se reçoit des autres, abandonne toute maîtrise. L'élection, selon Ignace de Loyola, nous offre un chemin pour vivre à cette hauteur-là. Elle propose de fonder l'action non plus sur une générosité tout humaine mais sur la gratitude envers Dieu. L'engagement prend alors le nom d'alliance, laquelle conduit en des chemins inédits et inattendus. Apparaissent alors plusieurs caractéristiques d'une telle vie engagée. Le désir en est notre guide. La vie devient fructueuse pour nous-mêmes et pour les autres. L'alliance participe à l'unification de notre être et de notre existence. Une capacité à donner grandit sans pour autant nous perdre. Les appels et interpellations reçus peuvent se relire comme révélant l'intention d'un Dieu qui connaît chacun de nous et espère que nous fassions route ensemble.