On parle parfois de gouvernement spirituel quand la responsabilité de gouvernance s’applique à un groupe religieux (diocèse, congrégation, mouvement) et il existe bien des livres sur les principes et fondements spirituels du gouvernement selon Ignace de Loyola notamment. Le rôle du supérieur consiste à permettre l’action de l’Esprit dans la communauté, à se faire avec les autres en quelque sorte l’instrument de l’Esprit [1]. Ignace de Loyola, par sa pratique, ses faits et gestes, dans son abondante correspondance, a laissé des principes qui ont traversé les siècles. Et nombre de ses successeurs n’ont pas été en reste.
La réflexion partira plutôt ici de l’expérience : quelle expérience de l’Esprit occasionne une responsabilité de gouvernement ? Comment concilier l’action de l’Esprit avec un agir rationnel et très concret ? Quels sont les enjeux spirituels d’un gouvernement ? Le point de départ sera que la personne qui gouverne est conduite à vivre diverses expériences spirituelles qui ont pour objet même sa mission de responsabilité, les religieux qu’elle envoie, les communautés et les missions qui sont celles de sa congrégation. En donner l’un ou l’autre exemple conduira à revisiter quelques considérations sur l’art de la gouvernance puis à regarder quelques figures dont la responsabilité a été vécue dans la cohérence d’une personnalité unifiée dans sa mission.

 

Expériences

 

La supérieure générale d’une congrégation religieuse est élue lors d’un chapitre général dit « d’élection ». Le mot est fort et peut s’entendre de plusieurs façons. Le terme a sans doute d’abord dans notre culture une connotation électorale. Les citoyens sont appelés régulièrement à élire président de la République, députés, conseillers