« Je n'en peux plus ! » Faut-il attendre l'épuisement pour accepter de se reposer, quand finalement nous n'avons plus trop le choix, parce que nous avons atteint les limites de nos forces et qu'un sentiment de vide nous submerge ? Le problème est que, passé un certain seuil de fatigue, le repos ne repose plus. Une forme de lassitude profonde s'installe qui rend le repos lui-même amer.
L'heureuse dialectique de l'action et du repos, du travail et du loisir, de la veille et du sommeil, est ébranlée par l'accélération de nos rythmes de vie. Il devient de plus en plus difficile de se reposer vraiment, de jouir des vertus apaisantes et régénératrices du repos. Nous manquons de temps pour faire tout ce que nous avons à faire, comme si, à force de vouloir maîtriser le temps, nous avions perdu le secret du rythme des jours. Se reposer, faire des pauses dans cette course du temps, s'accompagne de la vague culpabilité de ne rien faire et de la peur d'être mis à l'écart, de ne pas pouvoir suivre la cadence.
Pourtant, comme le sait un danseur, le repos n'est pas la cessation de tout mouvement. Marquer des arrêts ne signifie pas tout arrêter. Le repos est un acte, une décision, pour faire de l'arrêt un moment intense de ressourcement, de félicité, et renoncer aussi bien à l'apathie qu'à l'agitation universelle qui nous fait courir dans toutes les directions. Ainsi, le repos participe des lois du rythme et du mouvement. Il consiste moins à ne rien faire qu'à vivre à un rythme qui convient, tantôt ralenti, tantôt accéléré, à l'écoute de son dynamisme vital et de sa respiration personnelle.
L'activisme frénétique caractérise nos existences soumises aux exigences