« Oh flamme d'amour vive qui tendrement me blesse
au centre le plus profond de mon âme. »
Jean de la Croix (1542-1591), Flamme d'amour vive.

Pourquoi s'attarder sur la ferveur plutôt que sur d'autres sentiments passionnés ? Elle n'est guère présente dans les traités philosophiques consacrés aux passions, et c'est davantage sous la plume des poètes et auteurs spirituels tels que Jean de la Croix ou Thérèse d'Avila que l'on retrouve le sens de cette émotion intense si répandue parmi le peuple mais qu'aucun philosophe n'explique. C'est que la ferveur est un phénomène physique au pouvoir mystérieux, et non une pensée : une « flamme d'amour vive » qui embrase le cœur, avant de gagner la volonté et l'intelligence, d'emporter la personne tout entière et de proche en proche toute une assemblée. Elle ne réclame pas de compétences ni de talents particuliers, car elle relève d'une disposition du cœur. Elle n'est pas réservée à quelques élus ni à une élite religieuse. Il suffit d'aller dans des stades, des arènes, des salles de concert et de théâtre, des fêtes qui