Dès le début de son évangile, Luc révèle que Dieu comble de biens les affamés (Lc 1,53) : entre les riches et les autres, Dieu a fait son choix et les pauvres sont privilégiés. L’attention au prochain a toujours été constitutive d’une vie chrétienne. Au XVIe siècle, les individus les moins bien nantis ne pouvant compter que sur leur travail pour vivre et entretenir les leurs, le recours à la charité était une nécessité quand les forces venaient à manquer. Celle-ci était assurée par les congrégations religieuses qui avaient fondé des institutions susceptibles de fournir aux nécessiteux le couvert et le gîte. Les laïcs faisaient des dons à la mesure de leurs moyens et de leurs convictions.

À Loyola, à Aravalo, chez le grand argentier de Castille, à Pampelune, chez le vice-roi de Navarre, Ignace a pu voir les maîtresses de maison accueillir les mendiants et leur donner l’aumône. Dans les châteaux et les fermes, les vagabonds pouvaient toujours trouver une botte de paille et un coin pour passer la nuit. La charité était un devoir social tout autant que religieux. Celui et celle qui y avaient manqué tentaient, à la veille de leur mort, de mettre un terme à leur mauvaise conscience en faisant des donations en faveur des plus démunis. Mais la pratique de la charité pouvait être vue dans une autre perspective, quand une personne souhaitait mettre de l’ordre dans sa vie et suivre de plus près Celui qui s’était identifié aux affamés, aux assoiffés, aux malades et à ceux qui étaient nus (Mt 25,31-46).
 

Les rêves d’exploits


Après avoir été blessé au siège de Pampelune en 1521, alors qu’il avait environ 30