La méditation jaillit de notre être intérieur et nous fait sortir de nous-même pour nous tourner vers les autres et peut-être aussi vers l'Autre. Comme un ouvrage de tisserand, la méditation noue des liens et ouvre en nous un espace à l'œuvre de vie.

« Faites-vous des trésors dans le ciel, là où il n'y a pas de mites ni de vers qui dévorent, pas de voleurs qui percent les murs pour voler. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »
Mt 6,20-21

C'est par un premier cri, entendu d'un frère ou jailli de notre être intérieur, que commence notre vie de méditation. Un cri archaïque, peut-être de douleur, dans l'obscur de notre foi, et qui nous fait sortir de nous-mêmes pour nous tourner vers d'autres (vers un Autre ?), forcément dans une conscience – même si celle-ci est parcellaire et voilée – d'être (enfin) entendus ou vus. Ce gémissement est le premier fil du métier à tisser qui relie dans le secret (par le fil de trame) Dieu à sa créature et (par le fil de chaîne) la personne qui prie à une multitude de frères.

La méditation a ceci de dépaysant qu'elle nous fait entrer dans une attention de plus en plus vive aux connexions invisibles commencées dès la Création du monde, dans cet écart entre ce que Dieu a séparé. Dans ces espaces laissés vierges, entre la lumière et les ténèbres, le sec et la mer, le ciel et la terre, les végétaux et les déserts, les rendez-vous des astres et l'absence de repères, les animaux et l'homme, notre méditation arpente et déambule. C'est ce savant tissage de nos déambulations qui nous brode au centre de toute la création, en une cosmogonie qui nous rêve créatures reliées, harmonisées à tout ce qui nous entoure. La méditation relève de la sortie du tohu bohu originel, de cet arrachement aux ténèbres, de ce relèvement sur la terre ferme, de cette orientation vers le firmament et ses lumières, de cette har...


La lecture de cet article est réservée aux abonnés.