Je suis partie vers le Petit Lourdes d'Hérouville, à pied, le long de la rive du canal de l'Orne sur le chemin de halage, droit vers la grotte, le chapelet en poche et les doigts sur les grains, pour ne penser à rien d'autre qu'aux visages, aux larmes, aux intentions entendues toute cette semaine et – enfin ! – mettre en pratique ma promesse de prier pour quelques-unes et quelques-uns rencontrés sur le chemin de mes jours.

Voyage intérieur

« Priez sans relâche » (1 Th 5, 17). Il fait beau et je m'élance joyeuse pour donner de mon temps à la prière (qui fait pourtant toute ma vie de consacrée). En communauté, il y a bien nos heures d'oraison silencieuse quotidiennes, nos offices liturgiques intégrant le chant de louange des hymnes, les cris des psaumes et nos pauvres mots pour la prière d'intercession que nous jetons, trois fois par jour, vers Dieu. Mais ce matin, comme Marie Madeleine sur le chemin du tombeau vide, je cours seule à l'ouvrage pour mes frères et sœurs en humanité, dans la foi pure et la joie de leur répondre concrètement, d'être utile en faisant « mon » travail, ainsi que l'aurait fait le serviable voisin bricoleur venu chez vous pour poser une étagère. Je m'applique donc, en bricoleuse du dimanche, à mes petites affaires.

L'intercession est un pèlerinage, un voyage intérieur, une marche qui permet de porter sans s'arrêter et de lâcher vers le Ciel chaque personne pour laquelle je prie. L'intercession est la prière du pauvre, celle qui prend, confie, dépose les joies, les tristesses et les