Il n'est pas rare que, parmi les personnes demandant un accompagnement spirituel et plus particulièrement à vivre les Exercices spirituels dans la vie, certaines soient habitées par une colère sourde. Elles en connaissent parfois l'origine grâce à un travail thérapeutique, mais les éclats en demeurent vivaces dans leur quotidien. Comment aider les unes comme les autres dans leur chemin avec Dieu ? S'agit-il de les inviter à lutter contre cette colère ou, au contraire, comme Jésus le préconise dans sa parabole du blé et de l'ivraie (Matthieu 13,24-30), les aider à ne pas se focaliser sur ce « mal » en elles pour ne pas risquer que leur vie avec Dieu ne s'assèche ? Mais alors, comment procéder ? C'est là que la pédagogie proposée par Ignace dans son livret des Exercices est d'un grand soutien pour l'accompagnateur.
La personne arrive en accompagnement avec son vécu, son passé, ce qu'elle est, qu'elle exprime plus ou moins vite à l'accompagnateur. Tel cet homme d'âge mûr qui, au cours d'une rencontre, a fait part de sa colère d'être né et de devoir vivre, puis d'avoir été abusé enfant par un prêtre, puis d'avoir été impérativement exhorté par ses parents à gagner abondamment sa vie. Tout cela, il l'avait travaillé avec un thérapeute, mais les séquelles demeuraient : aventures amoureuses se succédant, collaborations professionnelles tournant court, la colère grondant intérieurement, etc. Cet autre qui, enfant, avait été battu une année durant par son instituteur sans que son père, par corporatisme, ne le défende et qui, une fois adulte, avait choisi la voie du blindage, de la dureté, de la colère. Colère profonde qui explosait pour des détails du quotidien, en famille, avec les