Dix mois de présence parmi vous depuis le 25 août 2003. Nous traversons un mois de mai hésitant entre les explosions de fleurs et l'épais brouillard. L'actualité du monde renvoie les mêmes teintes. De Haiti, d'Irak, du Proche-Orient, d'Europe, d'Asie, d'Afrique ou des Etats-Unis reviennent, mêlés des échos d'événements heureux ou tristes, des échos de paix ou de guerres, de respect ou d'horreurs.
Nous sommes en Finistère, au far-west de la France et de notre continent, plongés dans la prière, le silence, le chant ou les travaux. Tour à tour cigales ou fourmis, nous vivons actifs dans la contemplation, contemplatifs dans l'action dans cette « Ecole de l'Evangile » qu'est un monastère selon l'esprit et la Règle de saint Benoît. Jésuite parmi les bénédictins, au long de ces dix mois, j'ai désiré et décidé de dire nous avec vous. C'est un grand Merci qui monte au coeur et désire se poser en l'ici et maintenant de cette lettre.
Vous m'êtes des frères, et je suis heureux de ne pas avoir fini de vous connaître. Un avenir s'offre à ces dix mois de vie commune dont le contenu dépasse le seul déroulement chronologique des jours monastiques. La « petite règle » n'est-elle point écrite pour des « débutants », comme le souligne Benoît lui-même au chapitre 73 de sa Règle ?
 

En cordée monastique



Pour des regards extérieurs, je semble vivre une halte, un retrait prolongé à connotation sabbatique dans un espace et un temps déterminés, délimités, protégés. Ceci n'est qu'une part de la vérité, tant le désert et la stabilité visibles, inscrits dans le site et dans ses murs — surtout dans vos voeux —, peuvent faire illusion.
Je vis parmi vous une marche, une