Spontanément, l'engagement apparaît comme une affaire personnelle : à un moment donné, j'ai eu à me déterminer, à prendre une décision. Par cet acte, c'est tout moi-même qui me suis risqué, mis en jeu. D'une certaine manière, je ne suis jamais autant moi-même que lorsque je m'engage. C'est vrai. Mais, si l'on s'en tenait uniquement à ce point, l'engagement apparaîtrait comme une affaire strictement individuelle. Raisonner ainsi n'est sans doute pas très juste.

Quelle est donc la part du collectif dans les engagements, même très personnels ? Joue-t-il un rôle de conseil ? de mémoire qui évite de retomber dans ce qui a été déjà reconnu comme piège ? de guide pour affermir des choix au départ mal assurés ? S'agit-il d'un correctif qui permet d'éviter des erreurs ou bien faut-il y voir plus que cela ? Et, du coup, quel rôle peuvent jouer l'Église et les communautés chrétiennes pour soutenir les engagements de leurs membres ?

Nous partirons de la réflexion de Hannah Arendt sur l'action qui, dans son vocabulaire, représente un vrai engagement de tout l'être, au regard des autres, dans l'espace public. C'est dans un second temps que nous proposerons une lecture croyante de ce qu'Arendt a pensé dans le champ de la philosophie politique.

Pas d'acteur solitaire

Lorsque Hannah Arendt réfléchit sur l'action – c'est-à-dire sur ce qui véritablement nous révèle en tant que sujet singulier, capable de parole et d'engagement –, elle lui associe aussitôt la pluralité des agents : on n'agit