Vie chrétienne, 2005, 112 p., 13 euros.

Corine Robet est enseignante de lettres et anime des ateliers d’écriture. Dans ce recueil, ses « ricochets » font résonner l’Écriture : dix-huit textes s’y déploient à partir de récits bibliques familiers, de paraboles ou de versets seuls.
Textes à la fois construits et fluides, ces poèmes en prose allient la liberté de la prose à l’organisation rigoureuse du poème. Corine Robet use de procédés formels variés : prosopopées de la barque et du filet dans l’appel de Simon-Pierre, anaphores des belles litanies de la porte du chapitre 3 de l’Apocalypse : « Porte de vos jours, certains jours porte de l’usure. (...) Porte des idées noires qui s’agitent en eaux troubles et entraînent vers le fond. (...) Porte de vos jours diligents, quand à pleine volée vous voulez ouvrir au Maître. (...) Porte de la toute douceur, dans la délicatesse d’un conditionnel : “Si quelqu’un entend ma voix et ouvre.” »
Dans les commentaires du reniement de Pierre ou de la résurrection de Lazare, dans la contemplation et la composition de lieu ignatiennes de la Visitation ou de l’apparition au lac de Tibériade, les sens sont convoqués : « Je me tiens devant la scène. (...) Je sens. Le poids des filets remontés à vide, la main sur le bois des bancs de nage, la froidure de l’air, le sel qui creuse les coupures et les exaspère.  (...) Je vois cette silhouette sur la grève. Je goûte cette attente. (...) J’entends les paroles échangées... Je distingue les cris de joie qui doivent accompagner la pêche... (...) Je laisse la chaleur du feu sur le sable me rejoindre. »
Au-delà de leur ordonnance formelle, ces méditations spirituelles s’enracinent dans la vie concrète et nourrissent en retour. L’émouvante postface témoigne du fruit que porte cette fréquentation intime des textes, de cette lectio divina, par grâce, et de surcroît. On referme le recueil avec un désir renouvelé de lire l’Écriture, d’être attentif à ce qu’elle produit en nous lorsqu’elle fait écho dans nos histoires, d’en faire mémoire afin qu’elle irrigue nos vies.