« Prière » et « oraison » : ces deux mots sont couramment employés pour désigner la même réalité. Le premier dans un sens très général : par exemple lorsque l'on dit : « Que toute notre vie soit prière. » Le second, dans un sens plus restreint. Ainsi, après la célébration des offices, les carmélites s'agenouillent, assises sur leurs talons, pour un long temps de prière religieuse. Nous disons alors qu'elles sont en oraison ou qu'elles font oraison. Par ailleurs, pendant la liturgie eucharistique, le prêtre conclut la démarche pénitentielle, l'offertoire et l'action de grâce par une prière qu'il prononce à haute voix au nom de toute l'assemblée. Cette prière est appelée « oraison ». Le même mot peut donc désigner une prière individuelle silencieuse comme une prière proclamée à haute voix dans une assemblée. Cette étrangeté invite à faire un peu d'histoire pour introduire à une compréhension plus fine des grands axes de la prière chrétienne : ceux qui se retrouvent partout depuis l'origine, alors même qu'ils ont été vécus en se différenciant selon les époques, les cultures, les spiritualités et finalement selon l'originalité de chacun.
Un chapitre de la règle bénédictine servira de point de départ. Il permettra de recevoir l'enseignement de la tradition des premiers siècles de l'Église qui distingue en les unifiant la dimension liturgique communautaire de la prière et sa dimension la plus individuelle. Le Moyen Âge occidental et la marche vers la société moderne instaureront ensuite comme une division du travail, diversifiant les pratiques selon les statuts sociaux et les visées apostoliques. Des formes de prière se multiplient qui sortent du monastère et prennent leur indépendance par rapport à la liturgie. C'est alors que le mot « oraison » recevra le sens de prière individuelle et silencieuse.
L'Antiquité : les bases de la prière chrétienne
Le vingtième chapitre de la Règle de saint Benoît, intitulé « De la