Après l’horreur et la stupéfaction, c’est peut-être la violence, l’esprit de haine ou de vengeance, ou à l’inverse l’abattement et la tristesse qui rongent notre cœur, habitent nos pensées d’images et de mots lancinants, au moment de reprendre le travail.
La prière est ce temps gratuit qui nous dilate et nous pacifie intérieurement. Conduit par l’Esprit, notre cœur y remet à Dieu, au Prince de la Paix, tout ce qui l’habite et l’agite, les visages amis et ennemis, les sentiments les plus purs mais aussi les plus bas, les plus naturels, charnels, violents ou souffrants, aimants ou haineux, tout ce qui nous abîme ou nous élève. « D’un cœur brisé et broyé tu n’as pas de mépris » (psaume 50). Les psaumes nous aident puissamment, comme ils ont aidé Jésus lui-même, à mettre des mots sur tout ce qui nous rend muets, confiant à Dieu la soif de vengeance et l’exigence de justice. Sidérée d’abord par les forces de mort, notre intériorité se découvre pas à pas autrement habitée et libérée par une Parole porteuse de confiance et d’espérance, de douceur. Un goût et une liberté nouvelle accompagne cette écoute intérieure qui nous remet en relation vivante et mystérieuse avec la source de toute vie, avec soi-même et les autres. Rien n’est magique et rien n’est gommé de la réalité dans cet accueil de la vie rendue et donnée. Simplement échange : il me faut donner ce qui m’habite pour accueillir ce qui m’est donné.
Réouvert au souffle et à la parole, notre espace intérieur peut alors animer et soutenir avec la liberté nécessaire le labeur de pensée, de discernement, qui conduit à une analyse rigoureuse des faits et à une action juste.