Devant la situation de crise sociétale et ecclésiale que nous connaissons, nous pourrions faire preuve de deux réactions pastorales contrastées : soit nous y résigner, en nous accommodant à gérer le « petit reste », au nom même d'une conception cautionnée par la perspective biblique (voir notamment Isaïe 6,13) ; soit nous raidir dans une attitude volontariste, en embouchant les trompettes de la « nouvelle restauration identitaire » et en recourant à des projets innovants de reconstruction des paroisses qui semblent être efficaces – très marqués, il est vrai, par la mentalité nord-américaine du marketing néolibéral – et qui peuvent de fait porter de bons fruits1.
Cette seconde attitude apparaît certes comme louable et résulter de ce que nous pourrions appeler une « première conversion ». La « nouvelle évangélisation » souhaitée par les trois derniers souverains pontifes nous y engage d'ailleurs, de manière que nous renouvelions « l'élan, l'ardeur, le langage et les méthodes2 ». Il semble ainsi indispensable que, face à l'indifférence rencontrée ou même désormais à l'hostilité ambiante, l'Église tout entière se ressaisisse, se reprenne en main, change ses fonctionnements et ses structures, parfois obsolètes, et entreprenne un virage missionnaire, auquel le pape François ne cesse de nous convier. C'est la tonalité adoptée par la récente « instruction » de la Congrégation pour le clergé (29 juin 2020), précisément intitulée « La conversion pastorale de la communauté paroissiale au service de la mission évangélisatrice de l'Église ».
Au fond, mon article aurait pu se contenter de procéder à un commentaire paraphrasé du document. Seulement, il ne suffit pas, comme le fait le texte romain, de répéter, tel un mantra, les exhortations du pape sud-américain et de citer à l'envi Evangelii gaudium3, par