Après les événements du début de l’année 2015, constatant qu’une polémique naissait dans certains milieux catholiques, l’auteure de ce texte a spontanément envoyé ses réflexions à la rédaction de la revue, « comme une bouteille à la mer », souhaitant faire entendre une autre voix, sa « petite » voix. En effet, en allant défiler le 11 janvier, elle a senti que, très ponctuellement, quelque chose s’était joué entre humains, quelque chose de difficile à saisir mais qui a fait sens bien au-delà des polémiques.
Prier pour la paix est une urgence, nous le sentons tous. Pourtant, je rencontre certains jeunes qui veulent partir se battre pour le Christ.
Jésus proclame que les artisans de paix sont bienheureux. Ils sont fils de Dieu.
Comment être artisans de paix aujourd’hui ? Nous voici travaillés par des questions compliquées et profondes, des questions éternelles, dont nous semblions, en Occident pour le moins, avoir oublié l’urgence. Pourtant, les événements qui bouleversent le monde depuis des années s’imposent aujourd’hui en France, de manière aiguë.
Nous nous voulons artisans de paix et pourtant la bonne volonté, l’intention de faire le bien suscitent aujourd’hui des conflits, même entre les catholiques.
Dieu lui-même a voulu la multiplicité des langues et des cultures
Ce qui s’est vécu dans la rue le 11 janvier est d’ores et déjà sujet à controverse mais, hélas, aussi à polémiques de la part de beaucoup de chrétiens. Les questions surgissent.
Pourquoi un million de personnes ?
Pourquoi des gouvernants étrangers dans une manifestation pour un journal peu connu, parfois détestable, malgré le talent de ses dessinateurs ? L’attentat était horrible, de même que l’attaque contre l’hyper-casher de Vincennes, de même que la mort de cette jeune martiniquaise inconnue qui faisait juste son travail, tout comme l’assassinat de ce policier musulman non seulement tué, mais surtout achevé par ceux qui se proclamaient ses coreligionnaires. Dix-sept personnes, c’est terrible, et c’est peu.
C’est bien peu au regard de ce qui se passe au Niger et au Nigeria, en Centrafrique et dans tant d’autres pays où les victimes, chrétiens et musulmans, se comptent par milliers ; c’est peu au regard des presque 3 000 victimes du World Trade Center.
Pourtant des foules ont accouru, des gouvernants étrangers, ennemis de toujours et de demain, se sont salués. Tout cela dans une atmosphère recueillie, sans mot d’ordre, sans autre slogan que « Je suis Charlie ».
Pourquoi ? Nous savions que nous serions contestés et accusés car, dès le lendemain, d’autres massacres, d’autres menaces adviendraient lors de la parution du nouveau numéro de Charlie Hebdo. Mais aussi, et peut-être surtout, en raison de ces heures de silence et de rencontres entre inconnus. Quelques semaines plus t...