Rougerie, 2006, 93 p., 13 euros.
La voix, sa justesse, son accord avec l’homme intérieur : telle est bien la « lampe » qui éclaire ce recueil, le plus beau peut-être que nous ait donné Gilles Baudry, moine à l’abbaye de Landévennec. En vrai fils de saint Benoît, il sait que la voix se purifie dans l’écoute. D’ailleurs, celle qu’on entend ici est tantôt la voix du poète, tantôt « la voix ailée / qui nous guide et nous garde » ; à travers la première, c’est la seconde qui nous parvient, accompagnée de toutes les voix du monde. Elle peut même dénouer la gorge « au chant absent » d’une interlocutrice blessée.
Une évidence grandit au fil du recueil : l’homme n’est lui-même que s’il est tourné vers un autre, en amont de soi. Le passage de cet autre, toujours discret, ménage notre liberté tout en nous laissant des signes de sa tendresse, comme le rayon de soleil qui se pose sur l’épaule avec « la tiédeur d’une paume ». Sa parole descend même dans nos propre mots : « Lorsque tu passes dans ma nuit / comme la lune / entre les branches, / vite, je dresse la lyre du poème ; / je m’apprête à grimper / un à un les degrés / de mes vers, et c’est toi qui descends / mot à mot / dans les miens. »
Comme Fra Angelico, Gilles Baudry nous conseille : « Vis en état d’Annonciation. » Les scènes évangéliques qu’il évoque de préférence, avec une fraîcheur proche de celle de Marie Noël, sont la visite de l’ange à « la jeune fille en fleur qui porte fruit » et la rencontre à Emmaüs où le Ressuscité « étrennait » ses pas. La terre bretonne, dont les fougères, la « mémoire hercynienne » et les légendes imprègnent notamment la section « Temps d’Arrée », n’est pas plus que le poète refermée sur son identité compacte : on y vit « ici mais en osmose / avec l’ailleurs ».
En lisant ces poèmes à la fois si recueillis et si ouverts, on s’aperçoit que la voix poétique, quand elle est pure, recèle dans sa solitude apparente une secrète polyphonie : le poète est un arbre qui accueille nos oiseaux et délivre leurs chants ; l’un de nos semblables étonné qu’en lui quelque chose « puisse parler aux autres / de tout ce qui se tait en eux ».
La voix, sa justesse, son accord avec l’homme intérieur : telle est bien la « lampe » qui éclaire ce recueil, le plus beau peut-être que nous ait donné Gilles Baudry, moine à l’abbaye de Landévennec. En vrai fils de saint Benoît, il sait que la voix se purifie dans l’écoute. D’ailleurs, celle qu’on entend ici est tantôt la voix du poète, tantôt « la voix ailée / qui nous guide et nous garde » ; à travers la première, c’est la seconde qui nous parvient, accompagnée de toutes les voix du monde. Elle peut même dénouer la gorge « au chant absent » d’une interlocutrice blessée.
Une évidence grandit au fil du recueil : l’homme n’est lui-même que s’il est tourné vers un autre, en amont de soi. Le passage de cet autre, toujours discret, ménage notre liberté tout en nous laissant des signes de sa tendresse, comme le rayon de soleil qui se pose sur l’épaule avec « la tiédeur d’une paume ». Sa parole descend même dans nos propre mots : « Lorsque tu passes dans ma nuit / comme la lune / entre les branches, / vite, je dresse la lyre du poème ; / je m’apprête à grimper / un à un les degrés / de mes vers, et c’est toi qui descends / mot à mot / dans les miens. »
Comme Fra Angelico, Gilles Baudry nous conseille : « Vis en état d’Annonciation. » Les scènes évangéliques qu’il évoque de préférence, avec une fraîcheur proche de celle de Marie Noël, sont la visite de l’ange à « la jeune fille en fleur qui porte fruit » et la rencontre à Emmaüs où le Ressuscité « étrennait » ses pas. La terre bretonne, dont les fougères, la « mémoire hercynienne » et les légendes imprègnent notamment la section « Temps d’Arrée », n’est pas plus que le poète refermée sur son identité compacte : on y vit « ici mais en osmose / avec l’ailleurs ».
En lisant ces poèmes à la fois si recueillis et si ouverts, on s’aperçoit que la voix poétique, quand elle est pure, recèle dans sa solitude apparente une secrète polyphonie : le poète est un arbre qui accueille nos oiseaux et délivre leurs chants ; l’un de nos semblables étonné qu’en lui quelque chose « puisse parler aux autres / de tout ce qui se tait en eux ».