Parution initiale dans Christus n° 112 (octobre 1981).

Il nous est arrivé souvent, lors de débats autour du divorce, d'entendre le texte de l'Évangile selon saint Matthieu (Mt 19, 1-12) surgir dans la conversation. Le plus souvent, il est cité pour soutenir la doctrine officielle de l'Église et pour étayer la discipline actuelle à l'égard des divorcés remariés. « Quiconque répudie sa femme – je ne parle pas de la fornication – et en épouse une autre, commet un adultère » (Mt 19, 9). Telle est la parole du Christ qui revient sur les lèvres. La protestation de nombreux divorcés remariés contre le statut qui leur est donné et le désir d'une majorité de catholiques français de voir évoluer les règles actuelles obligent à revenir à l'ensemble du texte évangélique pour l'interroger à nouveaux frais. Qu'a réellement voulu dire Jésus ? A-t-il fondé un nouveau statut du mariage ? A-t-il ajouté un certain nombre d'exigences à celles qui réglementaient déjà le lien conjugal dans le judaïsme de l'époque ?

Notre propos est simple. La lecture la plus courante, celle qui envisage la parole de Jésus comme une proposition morale et juridique, ne rend pas justice au texte évangélique. Elle fait bon marché des ruptures qu'introduit Jésus dans la problématique de ses divers interlocuteurs. Pourquoi le moralisme et le juridisme déforment-ils le message évangélique ? Les historiens peuvent apporter leur réponse. Les psychologues que nous sommes sont attentifs aux mécanismes et aux dangers d'une mauvaise manière de se situer par rapport à la loi.

Après nous être expliqués sur la fonction fondamentale de toute loi et sur ses perversions possibles, nous proposons une lecture du chapitre 19 de l'évangile de Matthieu. Elle montre comment Jésus libère la loi et la remet dans sa vérité originelle.

Sous le joug de l'esclavage

Pour des psychologues, la loi a des